John Cage (1912-1992) jouit d’une réputation incontestée en tant que compositeur radical et pionnier de l'avant-garde du XX siècle. A l’exception de ses exquises partitions musicales, notations manuscrites élégamment dessinées, l’ampleur de son œuvre visuelle reste moins connue qu'elle ne le mériterait. Gouvernées par la non-intentionnalité et l'usage du hasard, certaines de ses œuvres visibles parmi d'autres à la galerie Devals se distinguent par l’utilisation de la fumée, Cage brûle alors diverses substances pour recueillir leurs empreintes délicates, toujours aléatoires, sur le papier :des traces diffuses et floues dont l’imprécision poétique suggère la course des nuages ou des paysages abstraits. En 1988, à l’occasion d’une résidence en Virginie, l'artiste ramasse quelques pierres au bord de la New River pour les intégrer à ses aquarelles. Ici, un seul trait de pinceau, tracé autour d’une pierre placée de manière aléatoire sur le papier, évoque un dessin zen dans toute sa tradition, réalisé après de longues heures de silence et de contemplation. Profondément médiatives, ces œuvres conservent alors la mémoire de l'eau et de son flux éternel.
(EN)
John Cage (1912–1992) enjoyed an undisputed reputation as a radical composer and a pioneer of the 20th-century avant-garde. Apart from his exquisite musical scores and elegantly drawn handwritten notations, the full scope of his visual work remains less known than it deserves to be. Governed by non-intentionality and the use of chance, some of his works—among others on view at Galerie Devals—stand out for their use of smoke: Cage burns various substances to capture their delicate, always random imprints on paper—diffuse and blurred traces whose poetic imprecision suggests drifting clouds or abstract landscapes. In 1988, during a residency in Virginia, the artist collected stones along the banks of the New River to incorporate them into his watercolors. Here, a single brushstroke, traced around a stone placed randomly on the paper, evokes a Zen drawing in its purest tradition, executed after long hours of silence and contemplation. Deeply meditative, these works preserve the memory of water and its eternal flow.
—MAUD DE LA FORTERIE